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Les Justes du Rwanda et la valeur universelle de leur exemple

Un appel pour la prévention des génocides à partir de la mémoire des Justes

En 1994, au Rwanda, en l'espace de trois mois, entre Avril et Juillet, plus d'un million de citoyens appartenant à l'ethnie minoritaire tutsie ont été systématiquement massacrés par des criminels extrémistes appartenant à la majorité hutu pour la seule faute d'appartenir à une “ethnie différente”.

Un meurtre toutes les dix secondes a eu lieu sous les yeux indifférents de la communauté internationale. Dans ce contexte, beaucoup ont obéi aux ordres et ont tué, violé et torturé. Quelques-uns courageux, niant la logique du génocide et mettant leur vie en danger, ont choisi de s'opposer à l'horreur et de sauver d'autres êtres humains. Nous souhaitons que ces femmes et ces hommes qui sont reconnus au Rwanda, soient aussi rappelés aujourd'hui dans le monde entier comme ils le sont au Rwanda car ils représentent un exemple moral pour l'avenir de l'humanité.

Ils nous montrent que même dans les situations les plus difficiles et les plus extrêmes, il est toujours possible de faire quelque chose pour arrêter le mal. Nous les avons appelés les Justes du Rwanda parce que ce mot a une signification universelle. C'est un concept qui pour la première fois est né de l'histoire tragique de la Shoah mais qui a ensuite été repris par d'autres peuples du monde pour montrer qu'à côté des bourreaux, des il y a eu des hommes courageux qui ont pris une grande responsabilité et ont montré qu'il n’était pas vrai que le mal était incontournable, mais qu’il y avait un choix. La même chose est aussi arrivée, même si ces quelques-uns n’ont pas empêché la mort tragique de plus d’un million de Rwandais.

Mais nous nous souvenons avec une grande fierté des Justes du Rwanda parce qu'ils peuvent et doivent représenter l'avenir de notre pays pour enseigner aux nouvelles générations la valeur de la coexistence des peuples et la valeur sacrée de toute vie humaine. Se souvenir d'une femme et d'un homme juste n'est pas seulement un acte de gratitude, mais c'est aussi le meilleur moyen de ne pas oublier ces personnes injustes qui ont entraîné notre pays dans l'abîme dans l'indifférence de certains Rwandais et de la communauté internationale.

Ainsi, nous apprenons aux enfants des écoles et aux jeunes des nouvelles générations à faire la distinction entre ceux qui ont choisi de tuer et de massacrer leur prochain avec le pire discours de haine et ceux qui ont plutôt choisi l'amour des autres et la valeur de l'humanité.

Les Justes représentent pour le peuple rwandais l'espoir dans le futur, comme l'avait imaginé le juriste Raphael Lemkin avec la Convention approuvée aux Nations Unies en 1947, peut interdire tout genre d’extermination et rappeler à chaque nation un impératif moral né de la souffrance de l'humanité: "qu’il ne soit plus commis aucun génocide." C'est pourquoi nous, Rwandais, nous sommes engagés à construire des Jardins des Justes qui se souviennent non seulement de ceux qui sont venus en aide à nos victimes, mais de toutes les femmes et tous les hommes qui, à travers l'histoire, se sont battus pour sauvegarder la dignité humaine.

Pour nous, les histoires des Justes au Rwanda que nous nous engageons à raconter et à diffuser ont une signification particulière dans la bataille que nous menons chaque jour contre toute forme de révisionnisme historique qui cherche à présenter le génocide des Tutsi comme une flambée irrationnelle et soudaine de violence ou une question "entre sauvages africains" come a dit le President Français, Francois Mitterand. Aujourd'hui encore, les médias n'ont pas suffisamment expliqué à l'opinion publique internationale que le génocide des Tutsi au Rwanda a été scientifiquement planifié par les extrémistes au pouvoir dans notre pays. Pour nous, cacher la responsabilité et supprimer la vérité représente un danger pour l'avenir car la manipulation des faits empêche la formation d'une conscience civile qui peut empêcher de nouveaux génocides.

Si les prochaines générations ne comprennent pas ce qui est arrivé non seulement aux Rwandais, mais à toutes les personnes qui ont subi un génocide en raison d'un projet politique, elles n'auront pas les outils culturels et moraux pour identifier les nouveaux signaux premonitoires du mal. Pour nous, la fonction de la mémoire des Justes est précisément ceci. Avec leurs gestes d'humanité, ils nous donnent l'occasion de réfléchir sur les responsabilités des bourreaux. Ils ont été les premiers à identifier la genèse du mal dans leur vie quotidienne et à prendre position avec un acte de responsabilité. Se souvenir du Bien est donc une thérapie fondamentale pour ceux qui recherchent l'oubli et voudraient que tout soit oublié.

C'est pourquoi nous, les Rwandais, nous nous sentons engagés dans le projet que Gariwo est en train de construire dans le monde entier pour faire connaître le concept universel des Justes de l'humanité et apprendre aux jeunes à s'engager pour le respect des droits de l'homme, la protection de la dignité humaine et coexistence pacifique entre tous les peuples. La prévention des génocides à toutes les époques sera toujours la tâche des hommes justes qui peuvent faire la différence par leur exemple.

Les signataires 

Yolande Mukagasana, Fondation Yolande Mukagasana FYM Présidente

Noel Kambanda, Vice Président FYM

Alain Mwiseneza, Ambassade de Suisse au Rwanda

Joselyne Mukamuhizi membre FYM, agent Banque

Regis Walquemanne, membre FYM

Etienne Gasasira, service de sécurité

Jean Paul Rwakiyanja, membre FYM

Jean Bosco Nyagasaza, membre FYM

Jean Marie Vianney Mugemana, membre FYM

Pere Hildebrand, membre FYM

Genevieve Murekaze, membre FYM

Michel Segatagara Kamanzi, Père jésuite, professeur à l'Institut pontifical biblique de Rome

Jean Paul Habimana, survécu au génocide, écrivain et professeur à l'école Europa de Milan

Françoise Kankindi, Président Bene Rwanda Onlus

Stanley Safari, Vice Président Bene Rwanda Onlus

Josephine Mhinganzima Umutesi

Eric Wibabara

Wellars Mugengana

Valens Musabyemungu

Bernard Nzeyimana

Jean Claude Gashugi, licencié en droit à l'Université Cattolica de Milan

Giorges Gatera, survécu au génocide

Iribagiza Marie Louise, infirmière professionnelle à l'Opéra San Camillo de Milan

Stephane Rwendeye, étudiant en médecine et chirurgie à l'Université de Gênes

Jean Marie Vianney Niyomukiza

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